COP28 Annual Policy Document Executive Summary French: vers une transformation des systèmes pour un avenir juste et équitable
En novembre, le monde a connu un réchauffement de 1,43 °C par rapport aux températures préindustrielles sur la moyenne des dix derniers mois depuis janvier 2023. Cette année sera “certainement” la plus chaude jamais enregistrée, depuis probablement 125 000 ans. Il a récemment été suggéré que le budget carbone, c’est-à-dire les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) et de gaz à effet de serre (GES) autorisées pour rester sur une trajectoire de 1,5 °C, serait épuisé d’ici cinq ou six ans. C’est beaucoup plus tôt que prévu par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Le récent rapport des Nations unies sur les écarts de production (Production Gap Report) montre que les plans et les projections de production des gouvernements conduiraient à une augmentation de 460 % du charbon, de 29 % du pétrole et de 82 % du gaz en 2030, ce qui ne permettrait pas de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C.
Pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, les émissions mondiales doivent immédiatement atteindre leur maximum, puis être réduites de moitié au moins d’ici à 2030 pour qu’une trajectoire de 1,5 °C reste envisageable. Cet objectif doit être atteint grâce à des systèmes de justice équitables et fondés sur les droits, à une transformation de l’ensemble des secteurs vers un avenir durable, ainsi qu’à la restauration et à la protection des écosystèmes. L’ensemble doit être soutenu par une augmentation significative des financements. Bon nombre des solutions climatiques nécessaires sont susceptibles d’apporter des avantages considérables en matière de développement durable si elles sont bien conçues, mises en œuvre et financées.
Pendant ce temps, les effets du climat exacerbent les vulnérabilités et les inégalités, privent les gens d’une vie digne et dévastent nos écosystèmes naturels, qui sont la base de la survie des populations. Ces impacts continueront d’augmenter de manière exponentielle. Les populations du Sud, qui n’ont guère contribué au problème du changement climatique, paient depuis plusieurs décennies les conséquences de l’action insuffisante des riches pollueurs historiques, alors que les émissions continuent d’augmenter. Le changement climatique est un problème d’injustice climatique et il est urgent de changer de cap maintenant plutôt que plus tard. La COP 28 offre l’occasion de procéder à ce changement de cap, en particulier sous la forme du Bilan Mondial.
Nous savons que le monde est bien loin de ce qui est nécessaire pour combler les lacunes en matière de réduction des émissions, d’adaptation au changement climatique et de gestion des pertes et des dommages. Entre 1990 et 2015, les 1 % les plus riches de la population mondiale (représentant environ 60 millions de personnes) ont été responsables de deux fois plus de pollution au carbone que la moitié la plus pauvre de l’humanité (3,1 milliards de personnes) au cours de la même période. Les pays développés doivent payer leur juste part du financement de la lutte contre le changement climatique et prendre la tête de l’élimination progressive des combustibles fossiles, conformément aux engagements qu’ils ont pris dans le cadre de l’Accord de Paris et aux principes de la Responsabilité commune mais différenciée. Ces principes d’équité sont les pierres angulaires de la Convention Cadre des Nations unies sur le climat et de l’Accord de Paris, et doivent être au cœur de tous les résultats et de la mise en œuvre.
De nombreux pays en développement sont encore confrontés à une pauvreté massive et à des besoins de développement. Les responsabilités différenciées indiquent que tout le monde doit prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique, mais que l’ambition de l’action climatique choisie par chaque pays dépend d’un certain nombre de facteurs différents tels que leur situation, leurs capacités et le soutien qu’ils reçoivent pour l’action climatique.
Quant au système financier mondial actuel, il ne répond pas aux besoins des populations et de la planète. Et, dans le cadre du statu quo, il n’est pas réaliste de s’attendre à ce que le financement de la lutte contre le changement climatique soit fourni à l’échelle ou avec l’urgence requise par les systèmes climatiques ou les besoins des communautés qui se trouvent en première ligne de cette crise. Nous ne pouvons pas poursuivre l’approche habituelle du financement mondial et espérer obtenir des résultats différents, que ce soit en matière d’atténuation, d’adaptation, de pertes et dommages, ou d’autres injustices sociales et des objectifs de développement durable. Dans un contexte où les engagements financiers ont échoué et où le système économique est injuste, des appels ont été lancés ces dernières années pour transformer le système financier. Toutefois, nous devons mettre en garde contre l’acceptation de “gains rapides” et de “demi-mesures” ; il s’agit de fausses solutions, car elles ne sont pas à la hauteur des transformations rapides et globales requises pour les personnes, la nature et le climat, et vont à l’encontre de l’équité à plus long terme.
Dans le même temps, il est important de souligner qu’en période de conflit, l’armée contribue à hauteur d’au moins 5,5 % aux émissions mondiales et que les rapports sont volontaires et généralement inexistants. Nous demandons aux dirigeant·e·s de réduire et de réaffecter les dépenses militaires à la réduction des émissions et de fournir des financements adéquats et à plus grande échelle, car il s’agit d’un élément essentiel pour une action climatique ambitieuse.
Nous devons placer les droits humains au cœur de notre lutte pour la justice climatique. Il ne peut y avoir de justice climatique sans droits humains. Le mépris croissant des droits de la personne et des libertés civiles dans le cadre de la montée de l’autoritarisme à travers le monde est profondément préoccupant. Le respect de la liberté de manifestation non violente, de réunion et de contestation est fondamental pour les droits démocratiques des citoyens et citoyennes à demander des comptes à leurs dirigeant·e·s.
Lors de la COP 28, nous attendons des Parties qu’elles réalisent des progrès considérables – sur un plan d’élimination juste et équitable de toutes les formes de combustibles fossiles, sur l’intensification des énergies renouvelables durables, sur le financement d’une transition juste et de l’adaptation, et sur les pertes et dommages.
Des décisions doivent être prises sur : l’élimination équitable de tous les combustibles fossiles ; une transition juste et fondée sur les droits humains ; un cadre ambitieux qui permet et mesure les progrès sur l’Objectif mondial d’adaptation (GGA) comme convenu dans l’Accord de Paris ; une opérationnalisation efficace et fondée sur les droits humains du Fonds des pertes et dommages avec des promesses substantielles de financement nouveau et supplémentaire de la part des pays développés pour garantir qu’il soit alimenté à grande échelle ; des progrès substantiels en matière de financements climatiques nouveaux, additionnels et prévisibles, notamment l’engagement des pays développés à verser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 et des progrès tant sur le fond que sur la forme en ce qui concerne le nouvel objectif collectif quantifié en matière de financement climatique (NCQG) ; et un Bilan Mondial qui aboutisse à un résultat équilibré, fondé sur l’équité et les meilleures données scientifiques disponibles, qui garantisse que le monde est sur la bonne voie pour limiter l’augmentation de la température mondiale à 1. 5°C.
Nous attendons également que les solutions soient réelles et nous ne nous contenterons pas de promesses vides ou, pire encore, de fausses solutions. Nous rejetterons les solutions qui considèrent le gaz fossile comme un combustible de transition, les efforts d’atténuation qui reposent sur la capture et le stockage du carbone, l’énergie nucléaire et la géoingénierie, et les ressources provenant des compensations considérées comme un financement du climat. Il ne s’agit pas de solutions, mais de distractions dangereuses qui ne feront qu’entraver les efforts visant à limiter l’augmentation de la température mondiale à moins de 1,5 °C et qui auront un impact négatif sur les populations et la nature. Nous devons tenir compte de l’appel de la science et prendre des mesures correctives avant que la situation ne devienne incontrôlable.
Dans ce contexte, nous présentons ci-dessous notre série de revendications sur les différentes questions en cours de négociation.
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